LE TERRORISME FLN EN FRANCE
Tueurs et porteurs de valises
(par Guy
CHAMBARLAC)
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Tueurs
et porteurs de valises
Le terrorisme algérien n'est pas un phénomène nouveau.
Durant les années noires de la guerre d'Algérie, les attentats se sont
multipliés sur le sol de la métropole. Une histoire pas si lointaine qui
permet de mieux comprendre les réalités d'aujourd'hui.
Tout a commencé, non en 1954, mais au matin du 25 août 1958 où les Français
découvrent avec stupeur que la guerre d'Algérie a franchi la Méditerranée.
Dans la nuit, une série d'attentats ont été commis simultanément dans
plusieurs régions : postes de police attaqués, policiers et militaires tués, voies ferrées
sabotées, dépôts d'essence et raffineries incendiées.
En Algérie même, l'ALN est alors en pleine déroute, saignée à blanc
par les paras, la Légion et les commandos de chasse. Aussi cette
diversion, amplifiée par la presse et les radios du Moyen-Orient, est-elle reçue,
au Caire, par la direction extérieure du FLN « comme un véritable ballon
d’oxygène ».
Il a fallu près de quatre ans aux dirigeants du FLN pour
mettre en place, parmi les quelques 300000 immigrés algériens que
compte la France de l'époque, une organisation politico-militaire capable de
les contrôler. Cela ne s'est pas fait sans mal.
Plusieurs fois la police en a démantelé la direction.
Sur son propre terrain, le FLN s'est d'abord attaché à éliminer
l'organisation concurrente, le MNA de Messali Hadj, et à s'imposer à
toute l'immigration. Cela se fait à coups de couteau et à coups de pistolet.
Ces « règlements de compte entre Nord-Africains », pour utiliser
l'expression consacrée par la presse, vont faire environ plus de 4 000
morts et 8 000 blessés parmi les musulmans immigrés. Chiffre énorme
qui montre l'importance de l'enjeu. Cette lutte interne se poursuivra jusqu'à
l'indépendance. Cependant, dès 1958, le FLN est maître du jeu, ses
adversaires ne menant plus qu'un combat d'arrière-garde.
Deux ouvrages nous renseignent avec précision sur le sujet. Tout d'abord
celui d'un acteur du côté algérien, Ali Haroun, La 7ème Willaya (Le
Seuil. 1986)
Ancien dirigeant de la fédération de France du FLN, Me Ali Haroun
reste un partisan qui n'a rien oublié des haines anciennes, et continue de
régler en 1986 les comptes de 1962. Son livre, épais, indigeste et assez
confus, comporte bien des omissions et des zones d'ombre. Pourtant il explique
assez bien ce que fut le développement de l'organisation terroriste,
grâce, notamment à de nombreuses complicités, en France même et dans les
pays limitrophes. Il faut le compléter par la lecture de La Guerre d'Algérie
en France (Presses de la Cité, 1994), écrit par Raymond Muelle,
ancien officier des services spéciaux, ayant participé à la guerre secrète
contre le FLN et dont la documentation est de première main.
Le « nidham », organisation politique du FLN, quadrille toutes les agglomérations
à forte densité algérienne. De gré ou de force chacun doit se
soumettre à cette administration parallèle. La fonction principale de
l'organisation clandestine est double : servir de vivier au terrorisme et
collecter les fonds destinés à financer la guerre du FLN. Haroun
conteste le mot mais pas la réalité de ce racket exercé par la violence sur
la population algérienne immigrée. Il cite ces chiffres astronomiques et
assure que les « cotisations »mensuelles ont représenté 80 %
des ressources totales de la rébellion.
Un réseau de
banquiers complaisants
Sortir l'argent de France pour
le mettre à la disposition de la direction extérieure du FLN au Caire, à
Tunis ou au Maroc, via la Suisse, est la tâche dévolue à des Français enrôlés
dans des réseaux de soutien. Recrutés le plus souvent parmi les
progressistes intellectuels et les chrétiens de gauche, ces « porteurs
de valises » sont poussés par un mélange de culpabilité, d'espoir, de
rédemption, de romantisme révolutionnaire et de haine de leur propre
communauté, quand ce n'est pas par simple passion amoureuse.
Haroun, qui semble assez réservé pour la personne et le rôle de Francis
Jeanson, le plus connu des « porteurs de valises », nous apprend
au passage que l'aide la plus efficace fut apportée par le réseau d'Henri
Curiel, habituellement considéré comme un sous-marin des services soviétiques
(1). Sans en dire plus, l'auteur fait allusion à un
« réseau
de banquiers [qui] prenait livraison des fonds à Paris et les virait à Genève
moyennant une commission tout à fait raisonnable. Durant l’année 1960, ce
réseau aura transféré un montant , de 3 189 619 699 francs français
[anciens]. »
Une somme qu'il faudrait
multiplier par dix pour l'actualiser.
Les réseaux de soutien ne se limitent pas au passage des frontières avec ou
sans valises. Jacques Charby organise un réseau d'hébergement des
dirigeants et des tueurs du FLN recherchés par la police. « Il
s'adresse à ses amis, gens du spectacle, du cinéma et de la télévision
». Haroun cite de nombreux noms plus ou moins connus qui figuraient déjà
dans la complaisante hagiographie de Hervé Hamon et Patrick Rotman
(Les porteurs de valises, Albin Michel).
Il apporte des précisions qui surprendront les Français d'aujourd'hui :
« Des réunions
de chefs de willaya se tiendront dans les bureaux de la maison de production
cinématographique dirigée par Serge
Reggiani et
Roger Rigault.
D'autres réunions du même ordre se dérouleront à Villiers-le-Bel, dans la
résidence de la comédienne Hélène
Duc et de son époux René
Catroux, le fils du général.
Combien de gens de théâtre, ajoute Haroun,
tels Georges Berger,
Jean-Marie Beoglin, Jacques Mignot, Marina Vlady
ont apporté dans ce domaine une aide multiforme. N'est-ce pas la puissante
Jaguar de Françoise Sagan
qui permit plusieurs liaisons rapides et sûres?»
Françoise
Sagan,
le monde du spectacle et le Tout-Paris littéraire furent mis à contribution
pour porter les valises du FLN.
L'hébergement n'a pas été le
monopole des gens du spectacle. Le terrorisme du FLN a trouvé chez certains
ecclésiastiques, dont plusieurs seront identifiés par la police à Lyon (séminaire
du Prado) ou à Paris (Missions de France), au sein des syndicats
chrétiens et dans les groupuscules d'extrême gauche, un accueil auquel Haroun
rend un hommage qui laisse songeur. Quelques médecins français constituent
un réseau pour soigner les terroristes blessés au cours d'affrontements avec
la police
...
Naïveté
et passion partisane
Hors des frontières françaises,
dans les pays voisins, en Belgique, en Grande Bretagne, en Allemagne,
en Suisse, le FLN trouve des appuis inattendus, parfois haut placés.
…
Très tôt la brûlante question de l'armement s'imposa comme une nécessité
vitale. En 1956, à Lyon, Aïssa Noui, responsable local du FLN
s'adresse au milieu local par l'intermédiaire de ses correspondants algériens.
Une commande est passée, des arrhes sont versées. La livraison sera faite
depuis la Belgique. Au jour dit, le camion chargé de salades
passe la frontière et pénètre dans le garage lyonnais contrôlé par le FLN.
Avec une impatience fébrile, les hommes de Noui entreprennent de vider
le camion. Mais au milieu de la montagne de légumes, pas le plus petit 6,35 !
Ils n'ont d'ailleurs pas le temps de s'en indigner car la police fait
irruption et coffre tout le monde. Ceux-là resteront détenus jusqu'à la fin
du conflit.
L'organisation parisienne essuie au même moment une déconvenue analogue.
C'est alors qu'intervient un certain Mehdi Mabed, alias « Chitane
» (le diable), ex-instituteur au Maroc, personnage plein d'entregent. Puisque
le Maroc récemment indépendant est acquis à la cause, c'est de là que
partiront les premières armes. « Chitane » aménage deux voitures,
l'une bourrée de pistolets, l'autre de bombes à retardement de
fabrication artisanale. Elles transitent par l'Espagne et arrivent
successivement à Paris, conduite par la respectable épouse d'un
avocat de Casablanca. Les cinquante pistolets et les dix
pistolets-mitrailleurs de cette livraison constituent l'amorce du futur
arsenal du terrorisme algérien en France.
Où sont passées
les armes du FLN ?
En novembre 1956, Abdelkrim
Souici, qui vient de purger trois mois de prison et bénéficie d'une mise
en liberté provisoire - la Justice républicaine est bonne fille - fait
acheter en Italie un lot de pistolets Beretta par l'un de ses hommes. À l'époque,
cela présente peu de difficultés. Les armes pénètrent en France dans les
bagages d'un paisible touriste.
Une seconde opération « Beretta » sera moins heureuse. Le responsable de
l'acheminement décide de les expédier de Nice par la SNCF en bagages non
accompagnés. À Paris, gare de Lyon, lors des manipulations, l'une des
valises s'écrase, vomissant une cinquantaine de pistolets avec leurs
munitions. La police, alertée, tend une souricière dans laquelle tout le
groupe de « logistique » se fait coincer.
Quelques jours après le 13 mai 1958, Amar Haddad, surnommé « Amar-zyeux-bleus
», arrive par le train à Düsseldorf. Dans un hôtel de la Bismarkstrasse,
il rencontre une certaine Mme Bisner, intermédiaire en tous genres,
et M. Springer, son associé. Le contact a été préparé depuis Le
Caire. On se met d'accord sur trois mille pistolets calibre 9 mm parabellum
avec deux chargeurs chacun. Le jour même, le trio se rend dans une usine
proche de la frontière de l'Allemagne de l'Est. La marchandise est payée
comptant et chargée à destination de Cologne où elle est entreposée avant
de pouvoir être acheminée en France.
« Chitane » arrive à
son tour en Allemagne. Il a ses propres relations. En l'occurrence, un
trafiquant d'armes bien connu des services de renseignements, Georg Puchert.
Propriétaire d'une petite flotte marchande, il était le fournisseur en armes
des nationalistes marocains avant l'indépendance. Tout naturellement, il
offre ses services au FLN (2). Ses premières fournitures, livrées en
Allemagne, sont composées d'un lot de pistolets espagnols Astra calibre 9 mm
parabellum, de Beretta et de Mauser dans le même calibre.
Encore faut-il stocker puis acheminer ce matériel. Trois villas isolées sont
louées. Lune près de Bonn, l'autre aux environs d'Aix-la-Chapelle, la
troisième non loin de Francfort. Des ouvriers spécialisés arrivent du Maroc
pour aménager des caches et des garages insonorisés, puis transformer des
voitures de telle sorte que les armes passent la frontière, camouflées dans
la caisse, sans que rien ne trahisse le chargement. Pour les conducteurs, il
faut éviter le type nord-africain. On met donc à contribution les réseaux
« porteurs de valises ».
Ceux-sont ainsi plusieurs milliers de pistolets et pistolets-mitrailleurs qui
pénètrent en France pour armer les groupes de combat et les terroristes du
FLN. Pour la seule région parisienne, du 1er janvier 1957 au mois de mai
1960, vingt et un fonctionnaires de police trouvent ainsi la mort et
vingt-sept autres sont grièvement blessés.
Du 11 janvier 1956 au 23 janvier 1962 (on a continué de tuer après),
les statistiques incomplètes de la Sûreté Nationale font état, pour la métropole,
de 11 896 agressions dues à des Algériens : 3 957 Algériens, 150
civils Français, 16 militaires et 53 policiers.
En face, la répression reste souvent impuissante. Moins de 10 % des
condamnations à mort prononcées par les tribunaux français sont exécutées.
Il arrive parfois à la police de saisir certaines armes. En mai 1960, la DST
arrête à Paris, 314, rue Saint?Honoré, Zina Harraigue, jeune algérienne,
et Inge Huscholtz, étudiante allemande. Chez elles, on découvre
vingt-sept pistolets-mitrailleurs et quarante-sept pistolets. C'est beaucoup
pour deux jeunes filles, dont l'activité préfigure les techniques du
terrorisme international, mais c'est peu par rapport à l'arsenal du FLN.
Aussi est-on tenté de poser une question sans réponse :
Que
sont devenus les milliers de pistolets et de pistolets-mitrailleurs de la fédération
de France du FLN ? Combien d'entre eux ont servi à des attentats
terroristes après 1962 ?
Combien
dorment encore, soigneusement huilés, dans les caches des « enclaves
» algériennes en France ?
Tout en changeant d'appellation, l'emprise de l'organisation
politico-administrative du FLN n'a pas cessé et s'est même renforcée.
Elle
bénéficie depuis 1962 du soutien d'un État indépendant auquel les
gouvernements français successifs ne refusent rien.
La
vague de terrorisme qui a frappé la France durant le second semestre de 1995
a révélé que les banlieues à forte concentration immigrée
constituent des enclaves de non-droit propices au développement d'une véritable
guérilla urbaine pouvant dégénérer en une véritable guerre
civile.
Elle
est alimentée à terme par le sentiment fanatique d'une guerre religieuse
(djihâd) et par une xénophobie antifrançaise qui se propage
comme une épidémie chez les plus jeunes des binationaux.
Guy CHAMBARLAC
-Armes
et faux papiers découverts en France par la police en novembre 1994, Lors
d’une perquisition dans les milieux islamistes
(1) Le 4 mai 1958, Henri Curiel fut victime d'un attentat, dont le
mobile reste inconnu et dont les auteurs n'ont pas été identifiés.
(2) Georges Puchert sera exécuté par les services spéciaux français,
le 3 mars 1959, dans l'explosion de sa Mercedes.
Dossier issu du Trimestriel ENQUÊTE
SUR L’HISTOIRE N°15 – HIVER
96-
Société EC2M, 60, Bd Malesherbes-75008 PARIS
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Dans
la liste des gens du spectacle soutenant le FLN vous en oubliez deux et non
des moindres Yves Montant et Simone Signoret.
Puis
Françoise Sagan, le monde du spectacle et le Tout-Paris littéraire furent
mis à contribution pour porter les valises du FLN.
Sans
oublier, quelques avocats de renom toujours en vie qui furent chargés de
transporter les valises de billets de banque en Suisse.
Quant
aux Missions de France, il est exact qu'ils étaient pro FLN, en
Algérie, ce furent de braves arabes qui vinrent prévenir l'armée que sous
couvert de soins à donner aux populations les prêtres de la Mission de
France en réalité venaient prêcher la révolution et l'indépendance.
Cela
nous l'avons su dès le début des années 60 par un officier ami de ma
famille qui était venu à l'Etat Major à Alger pour faire un compte-rendu à
Salan.
Des militaires parlant l'arabe accompagnaient les prêtres de la Mission de
France pour les empêcher de pratiquer la propagande.
Ces curés avaient transformé des grottes en hôpital pour soigner les
rebelles.
Pour ces curés malsains leur lieu de rassemblement était le monastère de
Tibihérine, qui fût attaqué il y a quelques années, et ou bon
nombre de moines datant de l'époque anté guerre d'Algérie furent égorgés
dans les mêmes grottes qui leur servirent durant la guerre.
Ce jour là, devant mes collègues effarés, j'ai remercié Dieu en
disant Allah Ouakbar tournée vers la Mecque !
Dieu
ne fait jamais payer le samedi suivant mais envoie toujours la facture.
Mélina
(Marie-Paule TARDY)
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