Mitraillages
aérien sur Oran |
A un message, que j'avais envoyé sur ce forum, à propos de la décision
de Jacques Floch, nouveau secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants,
de proclamer la date déchirante du 19 mars 1962, date de commémoration
de la guerre d'Algérie, j'ai reçu la réponse suivante:
1/ MON MESSAGE:
" Non les armes ne se sont pas tues le 19 mars 62 ! En tout cas
pas toutes !
Certaines, en effet, du côté français, ont regagné les râteliers: celles
des harkis, notamment, auxquelles quelques "autorités complices,
toute honte bue, n'ont pas hésité, pour faciliter ce retrait, à en
promettre de plus modernes...
L'épuration allait s'en trouver facilitée...
Mais d'autres ont simplement changé de cible: délaissant désormais
le fellagha, elles se sont braquées, pour quatre mois d'horreur et de folie,
contre la communauté européenne d'Algérie; l'atroce fusillade de la rue
d'Isly le 26 mars, les mitraillages des terrasses et balcons des quartiers
populaires de Bab El Oued à Alger, de la Marine et de la cité Jeanne d'Arc
à Oran, hantent à jamais nos mémoires...
Non, les armes ne se sont pas tues le 19 mars 62! En tous cas pas
celles du FLN qui se déchaînaient contre les harkis et leurs familles
sans défense, contre les derniers colons, isolés, et bientôt le
fatidique 5 juillet, contre la population oranaise!
Non, les armes ne se sont pas tues, surtout pas celles des "barbouzes",
mercenaires condamnés, bientôt éliminés (pas de témoins compromettants,
pas de trace...)!
Non les armes ne se sont pas tues, non la guerre d'Algérie ne s'est
pas terminée le 19 mars 62 !
D'ailleurs est-elle finie aujourd'hui ?"
2/LA RÉPONSE-TÉMOIGNAGE:
" Mon cher xxx, je joins à votre récit mon témoignage
douloureux!
Ce souvenir tragique, je l'avais enfoui dans mon cœur et vous l'avez fait
ressortir avec encore plus de violence!
J'étais un jeune adolescent qui souffrait de l'absence de son père.
Ce père militaire qui était dans un pays lointain où se déroulaient des évènements
tragiques et sanglants! L'angoisse de l'absence était doublée par l'angoisse
du danger.
Il revint meurtri, humilié par un mois de prison ferme et une carrière
brisée!
Pourquoi?
Il servait sur la base militaire de Tiaret, au sud d'Oran pendant cette période
en tant que sous-officier comptable. Cette base comportait un groupement équipé
de chasseurs T6 "Harvard".
Un jour il apprit la "drôle" de mission de ses copains pilotes:
MITRAILLER LES BÂTIMENTS ET LES QUARTIERS RESIDENTIELS PIEDS-NOIRS D'ORAN!
ET CECI DES JOURNEES ENTIERES!
SANS RAISONS STRATEGIQUES! UNIQUEMENT POUR TERRORISER LES POPULATIONS
EUROPEENNES AFIN DE LES EMPÊCHER DE SE REVOLTER CONTRE LES ACCORDS D'EVIAN!
Nous en avons eu la confirmation par des amis rapatriés oranais,
des années plus tard! Ils passaient leur journée à plat-ventre dans leur
appartement pour éviter le mitraillage systématique des façades!
Mon père, un jour de revue militaire, arracha ses galons et ses décorations
devant la troupe et dit qu'il ne voulait plus servir une armée d'assassins
qui tire sur des civils sans défense! Vous imaginez facilement la suite!
Mon père sombra dans un désespoir dont il ne devait plus jamais sortir!
Il ne fût pas le seul! Beaucoup de militaires de sa génération subir ce traumatisme
dont aucun ne sorti indemne!
Non! Il y a beaucoup de cicatrices qui ne sont pas refermées!
Le mal court encore!
La guerre n'est pas finie! pour certain, elle ne finira jamais!"
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Mr Boissacré
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