Une petite Parisienne de quatre ans a été
blessée par des éclats de verre après l'explosion d'un plastic.
Les journaux de métropole étalent de gros titres.
Toutes les consciences se révoltent et les mots cinglants tombent
sur le « plastiqueur de la petite Delphine ».
Nous n'avons pas été habitués à de tels ]b]déchaînements pour les
pauvres petits massacrés ici depuis sept ans.
La rancœur submerge la pitié. Nous voudrions pouvoir dire aux
journalistes : Et les nôtres ?
Depuis sept ans, le F.L.N. tue, mutile des enfants volontairement
visés par les grenades, les balles ou le couteau, qu'ils soient Français de
souche ou
Musulmans.
-Qui ne se souvient ici des horreurs d'El-Alia en août 1955 ?
-Des massacres de Wagram et de Mélouza ?
-Des enfants déchiquetés en 1956, dans les milk-bar ou les trolleys ?
-Des adolescents récemment poignardés ?
-De ceux mitraillés à la sortie des écoles ?
-Des gosses de Mers-El-Kébir ?...
Pourquoi l'enfant de Paris a-t-elle droit au gros titre, aux photos, au
long article alors que les journaux n'accordent que quelques lignes discrètes
aux nôtres qu'on assassine depuis sept ans ?