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L'AVEUGLEMENT
Pierre Quatrepoint
Editions Remi Perrin, 46, rue Sainte‑Anne, 75002 Paris
LA VOIX DU
COMBATTANT - Mars 2004 |
De Gaulle face à l'Indochine
Au retour d'un voyage au Vietnam, Pierre Quatrepoint, colonel des
Troupes de Marine, saint‑cyrien de la promotion « Ceux de Dien Bien Phû
», décide d'enquêter sur les origines de la guerre d'Indochine. Son essai,
témoignages à l'appui, après le rappel de trois siècles de relations tourmentées
et parfois amoureuses entre le pays d'Annam et la France, est un véritable
réquisitoire politique.
L'auteur met directement en cause la responsabilité du général De Gaulle
qui après le 15 août 1945 et la capitulation du Japon, a lancé la France dans un
conflit aventureux pour rétablir la souveraineté française en Indochine.
Contre toute attente, de Gaulle donne les pleins pouvoirs civils et militaires à
l'amiral d'Argenlieu et confère au général Leclerc, placé en
position subalterne, le commandement des seules forces terrestres. Il n'a qu'une
idée en tête, briser les résistances « révolutionnaires » avant d'arriver à sa
solution politique qui écarte toute notion d'indépendance. Leclerc qui ne
veut pas s'engager dans une guerre de reconquête, au terme d'une chevauchée de
ses armes qui le mènera de Hanoi à Saïgon où il rétablit le prestige de la
France, le presse de négocier. De Gaulle se raidit et répond au messager
du libérateur de Paris : « S'il n'y avait que des gens comme lui, on
perdrait l'Indochine. » Leclerc, furieux, s'écrie :
« De Gaulle va perdre
l'Indochine comme il a perdu la Syrie. »
Pierre Quatrepoint met directement en cause les choix humains,
stratégiques et diplomatiques de De Gaulle qui, selon lui, ont brisé le
rêve d'une influence française en Indochine. Il fustige l'attitude du chef du
gouvernement provisoire qui, dès la fin des hostilités en Europe, opposé à tout
dialogue, se cantonnera dans l'attitude d'un commandeur « le verbe haut et
les idées courtes ». L'auteur dénonce les incroyables égarements de l'homme
du 18 juin qu'il accuse d'être à l'origine d'une terrible guerre de 30 ans et du
sacrifice inutile de dizaines de milliers de nos compatriotes.
L'essai est un dossier sérieux qui peut servir de plateforme à une approche
nouvelle du vieux problème indochinois.
Le style est clair, précis. Avec une réserve, cependant Pierre Quatrepoint
laisse de côté l'affrontement planétaire entre le communisme international et
les démocraties qui a duré plus de 80 ans et dont l'Indochine fut un des enjeux
majeurs!
Et Ho Chi Minh n'était pas un patriote candide et innocent.
C. Q.
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