TÉMOIGNAGE DE GUY ROLLAND
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"L'avis de Jean-François
REVEL,
Académicien, sur la trahison gaulliste: "Désastreuse, haineuse,
odieuse".
J'ai scanné les pages ci-dessous d'un livre de Jean-François REVEL,
Académicien français, intitulé "Les Plats de saison"
Journal de l'année 2000, édité au Seuil.
A la faveur d'un commentaire sur le livre "Le onzième commandement"
de notre ami André Rossfelder, REVEL donne sur De Gaulle
un témoignage accablant.
Ces pages sont très intéressantes. Elles émanent d'un personnage éminent
de l'intelligentzia française.
Le cheminement de REVEL est à suivre. Voilà quelqu'un qui vient de la
gauche, qui fut volontiers séduit par le programme gaulliste au
moment du retour au Pouvoir de 1958 et qui a découvert au fil du temps quelle
fut la portée de l'imposture gaullienne. Il est même allé jusqu'à
faire un inventaire des fautes, solécismes et erreurs syntaxiques diverses
puisées dans la littérature du Général-à-titre-temporaire
volontiers présenté par les bons esprits comme le fils spirituel en
littérature de Chateaubriand..
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P.137 – 138 – 139
...
Hier, dans plusieurs villes d'Europe, ont eu lieu
diverses manifestations anticapitalistes et antimondialistes. J'avoue ne pas
bien comprendre en quoi incendier des voitures à Zurich ou compisser la
statue de Winston Churchill à Londres contribue à « réguler
le marché ». Sans aucun doute les penseurs qui accomplissent ces actes
héroïques de « résistance » au libéralisme sont doués d'une
intelligence très supérieure à la moyenne, en tout cas à la mienne.
De même, les manifestants qui ont lancé une émeute
contre la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, le mois
dernier, à Washington, se proposent de créer, pour les pays pauvres, des
organismes de crédit plus efficaces et, surtout, qui n'exigeront pas d'avoir
un droit de regard sur l'emploi de l'argent déversé, lequel pourra donc
être volé en toute tranquillité par les dirigeants du tiers monde, comme il
le fut si souvent. Secourir les malades en allant saccager les hôpitaux et
en chasser les médecins est une idée de génie.
Mercredi 3 mai
Deux sons de cloche m'ont rappelé, ces derniers jours, combien la réalité
est complexe et les idées toutes faites difficiles à défaire. Le premier
est un livre. Le Onzième Commandement, mémoires d'un Français anciennement
d'Algérie, André Rossfelder. Il vie actuellement aux États-Unis.
Descendant d'une famille alsacienne qui s'installe en
Algérie après la défaite de 1870-1871, il est élevé dans une tradition
plutôt de gauche (son père était radical socialiste). Il s'engage, à 17
ans, dans la Résistance, en 1942, peu avant le débarquement allié en
Afrique du Nord, puis dans l'armée Delattre qui débarqua en 1944 à
Saint-Raphaël. Elle alla ensuite - au prix de quelles pertes - repousser les
Allemands jusqu'en Alsace et au-delà de la frontière. Ami d'Albert Camus,
lié à Jean Daniel, Rossfelder fait partie de ces colons éclairés
qui, après la guerre, comprennent que le vieux statut colonial ne peut plus
durer en Algérie, qu'il faut donner des droits politiques aux Arabes et
procéder à des réformes libérales. Par ailleurs, il s'agit d'un homme
d'une grande intelligence, un scientifique, géologue qui, avec quelques
pionniers, pressent et affirme que l'Algérie saharienne recèle de très
importants gisements de pétrole. II pousse ainsi aux premiers forages,
couronnés de succès. Eh bien, ce même homme finira dans les rangs de l'OAS
et participera à au moins deux des attentats manqués contre le général de Gaulle,
celui de Mondragon et celui de Vendée. Pourquoi?
C'est là qu'il faut lire la version «Français
d'Algérie» de la guerre d'Algérie. Moi-même, persuadé depuis le
début de l'insurrection que l'indépendance était inévitable, très
attentif aux « événements» durant tout leur déroulement, j'ignorais à
quel point de Gaulle avait, dès 1960, choisi le FLN contre les
pieds-noirs. La
police française allait jusqu'à désigner certains Français aux coups
assassins des fellaghas. Et, en 1962, les
pseudo-accords d'Évian ont livré les Français à la vindicte du FLN, sans
poser la moindre condition quant à leur sécurité et à la sauvegarde de
leurs biens. On le savait déjà un peu, mais le récit de Rossfelder
rend cet abandon encore plus accablant que ce qu'on en savait.
On peut à juste titre reprocher, comme je l'avais fait
souvent depuis mon séjour à Tlemcen en 1947-1948, aux Français
d'Algérie leur manque de clairvoyance, leur refus d'admettre que le
changement était inéluctable. Reste qu'ils étaient nos concitoyens et que
de Gaulle, malgré sa réputation injustifiée d'habileté, n'a
finalement réglé leur problème que de la façon la plus désastreuse,
la plus haineuse et la plus odieuse.
Philippe Meyer
(Le Point, 28 avril) fait observer que Rossfelder est venu le mois
dernier à Paris, où il est resté deux semaines. Mais aucune radio, aucune
télévision ne l'a invité. Inviter un auteur ne signifie pourtant pas lui
donner raison. C'est simplement lui donner la parole. Ce que notre
civilisation baignée de poncifs rassurants prétend faire, dans le culte
pharisien de la tolérance, elle ne le fait nullement. Le « devoir de
mémoire » ne tient jamais la balance égale entre les divers
souvenirs historiques.
...
En cas de doutes sur les écrits ci-dessus, des
attachements de toutes les copies des documents authentiques, peuvent vous
être adressés sur demande.
Guy ROLLAND
1, rue Jules Vallès,
31240-SAINT-JEAN 61 74 57 22
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