A.
PEYREFITTE
(Editions de FALOIS /FAYARD) |
C'est
une substance humaine française
EXTRAIT
issu du livre
"C'était
DE Gaulle"
-
pages 193-193
...
...
Le Général
demande que les fonctionnaires qui ont abandonné leur poste en Algérie
soient révoqués. Joxe et Pompidou lui démontrent que c'est
impossible, mais sans conclure.
Le Général
reprend:
« S'il y
avait des désordres graves, mais heureusement il n'y en a pas eu, on
utiliserait les moyens qu'il faudrait. Les CRS, les gendarmes sont bien vus,
bien considérés. Il ne faut pas les faire rentrer de sitôt. On verra peut-être
au milieu de septembre ; mais seulement certains d'entre eux. »
Il se préoccupe ensuite des pieds-noirs :
« La grande
majorité des Européens d'Alger et d'Oran ne vivaient pas vraiment en Algérie,
près des Algériens. Ils vivaient sur la côte, entre eux. Ils se
transportent à Marseille pour recommencer. C'est impossible! Il faut les
obliger à se disperser sur l'ensemble du territoire. Leur répartition et
leur emploi exigent des mesures d'autorité !
Pompidou (qui a toujours le réflexe de défendre ses ministres)
«M. Boulin
et le ministère de l'Intérieur ont très bien travaillé... Pourquoi ne pas
demander aux Affaires étrangères de proposer des immigrants aux pays d'Amérique
du Sud ? Ils représenteraient la France et la culture française ».
GdG
« Mais il
faut attendre ! Les choses vont se tasser! Tous ces gaillards, plutôt que
d'aller à Lille, ils préféreront revenir à Oran ! Il ne faut pas jeter le
manche après la cognée ! C'est une substance humaine française, que nous
n'avons pas le droit de perdre ! Il est souhaitable qu'ils reviennent en Algérie,
et que ceux qui y sont encore y restent ! Il ne faut ni les laisser s'agglomérer
à Marseille, ni les laisser s'expatrier ! Où serait notre avantage à
provoquer un mouvement d'émigration ? »
Joxe
(insiste sur la suggestion de Pompidou, qu'il avait dû préalablement
convaincre ; sa grande idée est que les pieds-noirs inoculeraient
le fascisme à la France). Dans beaucoup de cas, il n'est pas souhaitable
qu'ils retournent en Algérie, ni qu'ils s'installent en France, où ils
seraient une mauvaise graine ! Il vaudrait mieux qu'ils s'installent en
Argentine, ou au Brésil, ou en Australie.
GdG....
«Mais non !
Plutôt en Nouvelle-Calédonie ! Ou bien en Guyane, qui est sous-peuplée et où
on demande des défricheurs et des pionniers ! »
C'est
peut-être la seule occasion où j'ai entendu le Général exprimer un
sentiment positif à l'égard des pieds-noirs. Lui et eux ne se sont pas «
compris », mais il ne veut pas que la France les perde.
« Le chiffre des départs est inférieur à celui de l'an dernier »
Après le
Conseil, le Général me résume la situation
GdG.
« Faites donc
comprendre à vos journalistes que la lutte des diverses tendances pour le
pouvoir ne concerne pas le gouvernement français. Mais ce qu'il faut
souligner, c'est l'accord qui semble s'être établi entre toutes ces
tendances pour respecter les accords d'Évian. Le 14 Juillet a été
l'occasion, pour les autorités algériennes, de l’Est à l'Ouest, de
manifester chaleureusement l'attachement des Algériens à la cause de notre
coopération»
Sur le
rythme des rapatriements, la synthèse que me trace le Général est résolument
optimiste :
GdG.
« Le nombre
des repliés par jour a considérablement baissé depuis le mois de juin. La
moyenne des départs est tombée à 4500 par jour. Ce chiffre est inférieur
à celui de l'an dernier.
Dans l'Algérois et dans le Constantinois, on peut prendre le bateau ou
l'avion sans attendre. La situation n'est tendue qu'à Oran, où une dizaine
de milliers de personnes attendent sur le quai ou à l'aérodrome de pouvoir
s'en aller, à cause de l'attitude des soi-disant Français que vous savez.
A.Peyrefitte
"Je parle de la situation à Marseille ?"
GdG
« Vous pouvez
dire qu'il y a là une situation préoccupante. Plus du tiers des repliés se
sont agglutinés à Marseille. Ils s'y trouvent bien. C'est un port méditerranéen
qui ressemble à leurs villes familières et qui leur permet de rester en
position d'attente, avant de choisir entre le maintien en métropole et le
retour en Algérie. Même quand on les envoie en bateau à Bordeaux, ils
prennent le train pour rejoindre Marseille. Ce qui soulève des problèmes
d'ordre public et d'emploi. Il faudra donc prendre des mesures autoritaires
pour disséminer cette masse. »
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Commentaire de Gillou
Les 75% des Français béni-oui-oui, jugeront ou
pas. Nous, nous l’avons déjà jugé leur de Gaulle.
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