Les Harkis
sciemment abandonnés |
UN LECTEUR DU POINT RACONTE COMMENT UNE DIVISION
DE HARKIS FUT ABANDONNÉE PAR L’ARMÉE FRANCAISE.
(Le Point numéro 1516 du 5 octobre 2001)
«La France, en quittant le sol algérien, n'a pas su sauver ses enfants.»
Le 25 septembre, pour la première fois Jacques Chirac reconnaissait
officiellement la responsabilité de la France dans l'abandon des harkis,
dont 100000 furent massacrés par le FLN.
Un lecteur du Point, MDD, de Besançon, qui a vécu
ces heures tragiques, a tenu à apporter sa contribution à ce « devoir de
vérité » avec le témoignage qui suit.
Un document bouleversant qui tend à prouver que, contrairement à ce que
l'ancien Premier ministre Pierre Messmer soutenait récemment dans une
interview au Monde, les autorités françaises, avant même les
accords d'Evian, ne pouvaient ignorer le sort qui attendait les supplétifs
de l'armée française :
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«A la fin de l’année 1961, l'armée française
d'Algérie reçoit l'ordre de se redéployer. En fait, on évacue les postes
les plus éloignés dans la montagne, devenus très sensibles après le déclenchement
de la trêve unilatérale chère au général de Gaulle. La 2e
compagnie du 49e bataillon d'infanterie est installée dans les Bibans,
exactement à Teniet el-Khemis. Le PC de ce bataillon est à Medjana
et le tout dépend du secteur de Bord Bou Arreridj. Elle a reçu
l'ordre de se replier sur un petit village de la plaine, proche de Bordj
Bou Arreridj, appelé Le-courbe.
Le poste de Teniet el-Khemis a une particularité. Outre la
compagnie, composée de "biffins", appelés, originaires du
Sud-Ouest, il comprend, en annexe, un petit poste "à la Dubout" où
cantonne une harka d'une trentaine d'hommes. Au soir du déménagement,
à la harka, seuls les Européens ont conservé leurs armes. Le
lendemain, de bon matin, l'encadrement français de la harka rejoint fugitivement
la compagnie.
Les harkis ont rapidement compris.
Ils se rassemblent et rejoignent le poste de la compagnie. Là, les camions
sont chargés, les hommes embarqués. Le convoi est prêt au départ. Le
capitaine F.. commandant la compagnie, 45 ans, la bedaine
triomphante, à la poursuite d'on ne sait quelle guerre passée ou de
quelle bande molletière, descend de sa Jeep et s'approche des harkis.
Il les harangue.
Je me souviens parfaitement de certaines phrases :"Restez groupés
et il ne vous arrivera rien et quoi qu'il arrive, soyez dignes. Vous représentez
la France."
Déjà à cette époque, et sans connaître la suite, j’ai pensé “quel
con!”.
Les harkis sont restés dignes. Quand le camion s’est engagé sur
la piste, ils n’ont pas bougé, ils n’ont pas couru pour embarquer de
force dans les camions.
Certains ont même salué leurs camarades de combat qui eux ne pensaient
qu’à la quille.
Huit jours plus tard dans les bulletins quotidiens de renseignements on
pouvait lire le détail du martyre de ces harkis, lapidés, brûlés
vifs, écartelés, massacrés à la hache, etc… ».
Cela se passait plus de trois mois avant le cessez-le-feu du 19 mars 1962.
Et Teniet el-Khemis n’a pas été le seul endroit où cette tragédie
a eu lieu.
Personne, politiques ou militaires, ne pouvait ignorer ce qui allait se
passer.
Je ne peux oublier cette scène qui me hante chaque jour… ?
Comment oublier le sergent Guerroudj, les Ahmed, Boussouf, Hacene
et ce clown triste incapable de se servir d’un fusil et que tout le monde
appelait Castrof (pour catastrophe).
Le massacre des harkis était prévisible.
Il semble bien, hélas, qu’il ait été programmé ”.
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Abandonnés aux assassins du FLN,
(a vous de deviner par qui)
ils furent tous massacrés.
Il est tout à fait normal que le responsable de ce gâchis
soit jugé.
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