DES RÉVELATIONS QUI PROUVENT
QUE DE GAULLE A TRAHI LA PATRIE ET
QUE LE FLN A TROMPÉ LES ALGÉRIENS
Recueilli par PA
Barisain
|
Liberté Algérie du 5 Novembre 2002:
Actualité (Edition du 7/11/2002)
PARTIE IV
Entretien avec Madame ABANE
RAMDANE
“Ben Bella a été fabriqué
par les Français”
Entretien réalisé par Farid Allilat
Dans un récent entretien, l’ancien Président Ahmed
Ben Bella s’est violemment attaqué à Abane Ramdane et au
Congrès de La Soummam qualifié de “trahison”.
Dans cet entretien exclusif, Madame Vve Abane, épouse du colonel Dehilès,
répond aux accusations et rétablit certaines vérités.
Liberté : Pourquoi, à votre avis, Ben
Bella dénigre le Congrès de La Soummam ?
• Madame Abane : Il était hostile au fait que
le Congrès se tienne en Algérie. Le congrès s’est tenu sans lui et sans
les chefs qui étaient à l’étranger. Ils ne sont pas intervenus dans son
élaboration.
Que s’est-il réellement passé avec l’attaque de la poste d’Oran ?
• Ben Bella était chef de l’OS (l’Organisation
spéciale) avant qu’il ne soit remplacé par Aït Ahmed. L’attaque
avait été mijotée par Aït Ahmed, Saïd Ouali et Omar
“yeux bleus” (Omar Boudaoud), pas plus. Ils n’ont pas mis Ben
Bella au courant parce qu’ils avaient peur qu’il les dénonce. Aït
Ahmed a réservé une chambre à Alger pour Ben Bella et c’est
là que deux policiers sont venus le cueillir le lendemain. Ben Bella
ouvre la porte, prend son arme et retourne le canon sur sa poitrine et leur
présente la crosse en leur disant : “Tenez, je n’ai rien à voir
dans ces histoires.” Les deux policiers ont pris l’arme en
laissant Ben Bella sur place. Ben Bella était à Alger pendant
l’attaque de la poste d’Oran. Il se vante d’avoir fait le coup.
Naturellement, ce sont les Français qui lui ont fait cette propagande pour
lui donner un nom. C’est à partir de là
que les Français ont préparé un président pour l’Algérie.
Vous voulez dire que ce sont
les Français qui ont fabriqué
Ben Bella ?
• Les Français
réfléchissent et projettent. Ils se sont dit qu’en cas d’indépendance
de l’Algérie, on leur place un âne bâté à la présidence. Après
l’arraisonnement de l’avion en 1956, les cinq dirigeants du FLN ont été
amenés à Alger. Sur le bitume de l’aéroport, Mohamed Boudiaf
tenait un porte-documents entre les mains. Un gendarme s’est avancé
vers lui, le lui a pris des mains pour le remettre à Ahmed Ben Bella.
À ce moment-là, un flash a crépité pour immortaliser l’instant.
Pour quelle raison ?
• Pour faire croire que c’est
Ben Bella le premier dirigeant. Cette anecdote m’a été racontée
par Boudiaf lui-même. Il avait compris que la France voulait donner un
chef à la Révolution algérienne, le plus bête des chefs. C’est la
dernière farce que la France nous a faite. Ben Bella était un grand
inconnu en 1954.
Vous aviez travaillé avec Abane
avant de devenir sa femme, quel homme il était ?
• Un homme extraordinaire,
pas bavard mais très actif. Il a mûrement réfléchi pour tisser sa toile et
former son organisation. Il a pensé la Révolution algérienne pendant les
cinq années qu’il avait passées en prison. Il a pris le temps,
contrairement à certains qui s’abêtissent dans les prisons, d’étudier
toutes les révolutions du monde. Il savait qu’il fallait regrouper les
partis et après l’indépendance, à chacun de reprendre son chemin. Ce qui
n’a pas plu à Ben Bella et Khider, c’est que Abane a
fait appel à des centralistes. Ils avaient une formation politique. C’était
une grande aventure cette Révolution.
Quel est le rôle de Abane
dans la préparation du Congrès de La Soummam ?
• Ce qui m’étonne c’est
le fait que ce soit toujours Abane qui est la cible des attaques alors
qu’il y avait une direction collégiale. Il y avait Ben Khedda, Saâd
Dahleb, Amar Ouzeggane. Les décideurs étaient Abane et Ben
M’hidi qui étaient deux jumeaux.
Il n’y avait aucune entente entre Larbi Ben M’hidi et Ben Bella.
Maintenant si on reproche des choses à Abane, il faut alors faire
également des reproches à Ben M’hidi. Abane Ramdane ne
travaillait jamais seul.
Ont-ils essayé de convaincre Ben
Bella de venir assister au congrès ?
• Ils se sont habitués aux
artères du Caire. Ils ont allumé un brasier en Algérie après ils se sont
enfuis à l’étranger. Comment Ben Bella s’évade de la prison de
Blida avec Mahsas et ne peut rejoindre les maquis d’Algérie ? Les
maquisards sont allés d’Est en Ouest quand il fallait le faire.
Au moment du Congrès, vous étiez déjà son épouse.
Étiez-vous présente ?
• Non, mais j’ai
tapé la plate-forme de La Soummam sur une machine dactylographique.
Qui avait rédigé le manuscrit ?
• Plusieurs personnes. Chacun avait écrit sa partie. Ben
Khedda me ramenait les manuscrits que je dactylographiais dans une chambre
exiguë à Alger. J’étais hermétiquement enfermée en plein mois d’août
pour ne pas éveiller les soupçons des voisins français.
Que vous inspire les propos de Ben
Bella lorsqu’il affirme que le Congrès de La
Soummam est une trahison ?
• Ben Bella ne
voulait ni des centralistes ni des unionistes. Il voulait la révolution
strictement avec le PPA/MTLD. Il ne voulait pas que les autres
tendances y participent. Ben Bella appelait les centralistes et les
unionistes la racaille. Les propos de Ben Bella sont une aberration. La
plate-forme de La Soummam est la première Constitution de l’Algérie. Ben
Bella a de l’aigreur parce que le congrès s’est fait sans lui. S’il
avait voulu, il aurait pu rentrer.
Vous aviez un jour rencontré Ben
Bella. Vous aviez l’occasion de lui dire les
choses en face…
• Je l’ai rencontré en
1995 à sa demande pour s’innocenter. Je lui ai dit qu’il avait donné son
accord pour l’assassinat de Abane Ramdane. Il y a une lettre qui
existe dans laquelle Ben Bella cautionne cette mort. Dans la lettre, il
félicite ceux qui ont fait le bon nettoyage de la Révolution. Évidemment, Ben
Bella a tout nié. Il a dit que ce sont des mensonges. Mais je ne voudrais
pas le rencontrer tout comme Ali Kafi, ce ne sont pas des gens
intéressants.
Officiellement, Abane
Ramdane est mort au champ d’honneur. Ce qui est
faux. Il a été assassiné, comment et par qui ?
• Tout le monde sait qu’il
a été exécuté au Maroc. Ferhat Abbas, Boumendjel et Ben
Khedda l’avaient prévenu en lui disant : “Ils vont te faire un
mauvais coup.” Quand ils ont décidé de le liquider, ils l’ont
appelé au Maroc. Il était accompagné de loin par Krim Belkacem et Mahmoud
Cherif. D’après les différents témoignages, Boussouf les a mis
devant le fait accompli. Il leur a expliqué qu’il ne pouvait pas mettre Abane
en prison parce que c’était dangereux. Il valait mieux l’exécuter. D’après
certains témoignages, Abdelhafid Boussouf a étranglé Abane
Ramdane de ses propres mains. Ce qui est paradoxal c’est qu’un jour,
au retour du congrès de La Soummam, Abane était tout heureux que le
congrès se soit passé sans aucun incident. Abane m’a sorti une
photo de Abelhafid Boussouf, responsable de la wilaya V en me disant :
“Regarde cet homme comme il est vaillant.” Abane était content de
travailler avec des hommes comme Boussouf.
Il ne savait pas qu’il tenait entre les mains la photo
de son futur assassin…
• C’est son
bourreau. Les trois B, Ben Tobbal, Belkacem et Boussouf ont
décidé de son élimination. Soit la prison, soit la mort. Boussouf
était franc, il savait qu’il allait le tuer. Les autres faisaient semblant
de ne pas le savoir. Ils souffraient d’un grand complexe d’infériorité
par rapport à Abane.
Vous disiez que Ahmed
Ben Bella avait donné sa caution à cet
assassinat.
• Ils avaient averti Ben Bella, l’ennemi de Abane
Ramdane. Ben Bella avait donné carte blanche. Sa
lettre existe dans les archives algériennes.
Est-ce que ça ne vous gêne pas que la version
officielle n’évoque pas la vérité sur la mort de Abane
?
• Dans toutes les
révolutions, il y a des meurtres et des assassinats. Je ne veux pas soulever
le problème de Abane.
Ne voulez-vous pas qu’on rétablisse la vérité ?
• Ce n’est pas à moi de
le faire mais aux officiels. C’est aux autorités de faire le procès de
cette affaire et de désigner les vrais coupables. Du temps de Boumediene,
on n’osait jamais parler de Abane. Ce n’est qu’à la venue de Chadli
que l’on a pu voir pour la première fois des portraits de Abane.
Qu’est-ce que ça vous fait qu’un Président
algérien insulte la mémoire de Abane
?
• Ben Bella est un
âne bâté. C’est lui qui a fait rater l’indépendance à l’Algérie.
Il a bafoué la légalité en destituant Benyoucef Benkhedda, désigné
par l’organe suprême du CNRA. Ben Bella était un joujou entre les
mains de Nasser alors que Abane disait, nous ne serons
inféodés ni au Caire, ni à Moscou, ni à Washington, ni à Londres. En
plus, je ne vois pas ce qui lui a fait dire que je suis française alors que
je suis algérienne en revanche, lui, sa femme est binationale. La femme de Ben
Bella avait essayé de faire évader Fatiha Boudiaf d’une
clinique psychiatrique dans laquelle le Président l’avait jetée, seule
parmi les hommes pour l’humilier, après avoir déporté dans le Sud Mohamed
Boudiaf.
---==oO0==---
A suivre
|