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CACHÉ!.. CE QU’ON CACHE AUX FRANCAIS
Recueilli Par Hervé Cuesta

La lettre de VERITAS Septembre 2002 N" 65

Extrait de la conférence d'Anne Cazal au rassemblement
« 40 ans après » de Cagnes-sur-Mer

Mesdames et Messieurs, Chers Compatriotes et Amis, je suis très sensible à l'honneur qui m'est fait de pouvoir m'adresser aujourd'hui, qui êtes si nombreux, dans le cadre de Rassemblement du souvenir, à Cagnes sur Mer, pour dénoncer une fois de plus, les mensonges répétés, organisés, repris en chœur par tes politiques et les médias à leur botte, pour salir un peu plus chaque Jour, l'Armée française, certes, mais aussi notre propre passé, nos ancêtres el notre mémoire.

Avant toute chose et puisque le Président de VERITAS se trouve à mes cotés, je dois vous présenter le combat que mène inlassablement ce Comité pour le rétablissement de la vérité historique qui a été le fer de lance de toutes les actions actuellement entreprises à ce sujet.

Au commencement, nous étions deux. VERITAS est né d'une correspondance que j’ai longtemps échangée avec Claude Rouvière, ancien membre de l'O.R.O., correspondance au cours de laquelle nous nous désespérions de voir, chaque jour, consolider les mensonges…disons d'Etat.

A deux, nous avons fondé ce Comité, rigoureusement apolitique, à deux nous avons élu comme Président Joseph Hattab Pacha, ancien Maire de la Casbah d'Alger, lien vivant entre toutes les communautés qui composaient notre pays. Incorruptible partisan de l'Algérie Française, qui a traversé de nombreuses épreuves sans jamais varié, d'un iota.

Donc, au commencement, nous étions deux. Nous sommes, à l'heure actuelle, plusieurs milliers... (Non, n'applaudissez pas ..Nous devrions être plusieurs centaines de milliers; car nous devons tous nous battre pour faire rendre Justice à nos morts, tous nos morts, car je pleure les musulmans autant que les Européens, les Harkis autant que les Pieds Noirs) et nous agissons, nous fonctionnons, nous éditons notre lettre mensuelle adressée, non seulement à nos adhérents, mais aussi à tous nos politiques et nos gouvernants sans jamais être démentie, sans percevoir aucune subvention

Et grâce à l'aide de nos Vice-Présidents, l'avocat René BLANCHOT. qui a connu, lui aussi, les geôles gaullistes et le Colonel Bernard MOINET qui a démissionné pour se consacrer à la mémoire des Harkis, nous avons commencé à combattre, pAr le droit dans un pays dit de droit, et nous avons traîné devant les Tribunaux l'infâme Joseph Katz, général sans conscience, qui, pour une étoile de plus, a laissé massacrer plus de trois mille Français, te 5 juillet 1962 à Oran.

Cent neuf familles de victimes se sont constituées parties civiles et Katz est mort avant la fin de la procédure. Mais cette action n'a pas été vaine, bien au contraire : un Juge d'instruction français, le Juge Vallat, a reconnu la réalité et l'authenticité des massacres et ceci est désormais inscrit dans la jurisprudence française. Mais notre combat ne s'arrête pas là. II se poursuit, nous menons actuellement, dans un silence médiatique absolu, un procès qui fera couler beaucoup n’encre contre te Ministère de l'Education Nationale.. la falsification de plus en plus poussée des faits historiques dans les livres scolaires est une honte., et notre administrateur chargé des Harkis. Amar BOUMARAF prépare actuellement une procédure qui nous porterons devant toutes les Instances européennes pour faire rendre justice à nos frères abandonnés et suppliciés.. Merci de vos applaudissements… Ils sont pour eux, pour leur mémoire, pour celle de tous nos morts... Levons-nous, voulez-vous, et observons ensemble une minute de silence..

Comme si ce n'était pas assez de nous avoir arrachés à notre terre, celle de nos pères et grands-pères, celle de nos êtres chers, des parents et des enfants que la plus grande partie d'entre nous a été contrainte d'abandonner dans des cimetières à 90 % profanés, quand ils n'ont pas été enlevés, comme vingt-cinq mille de nos frères européens et cent cinquante mille de nos frères Harkis, pour être torturés, suppliciés, mis à mort dans les conditions les plus horribles de la barbarie.

Pendant que se perpétraient ces massacres, le plus grand criminel de tous les temps, que je ne cesse de dénoncer, cette idole des Français que nous avons le devoir de déboulonner, déclarait à l'Assemblée Nationale, devant les parlementaires dotés d'une conscience qui s'indignait de la passivité da la France :

« Qu'il est doux, quand le vent tourmente les vagues sur la mer de contempler les épreuves d'autrui du haut d'un promontoire ! »

Oui il a osé Charles De Gaulle, Président de te République Française, après avoir entraîné la France, de recul en recul, de concessions en compromissions, de mensonges en trahisons, de félonie an forfaiture. d'abandon en crime d'Etat, a osé prononcer ce vers de Lucrèce comme seul commentaire si les épreuves épouvantables qui, par sa faute, frappaient tant des nôtres !

Et je ne parle pas à la légère.. Cette citation, si monstrueuse qu'elle soit est historique. Le monstre qui gouvernait la France l'a réellement prononcée...

Mais II a commis tant d'autres scélératesses qui sont aujourd'hui soigneusement cachées et qu'avec un acharnement sans limite, les politiciens de tous bords et les médias dissimulent depuis quarante ans, que toutes les entraves possibles et imaginables sont déployées à l’encontre de VERITAS et du combat que nous ne cesserons jamais de mener pour le rétablissement de la vérité historique...

Et la noble mission que nous avons pris l'engagement d'accomplir et que nous accomplissons ne peut. évidemment pas être abordée à la légère. La vérité historique sur notre terre natale et sur sa tragédie est beaucoup trop vaste, beaucoup trop grave, beaucoup trop chargée de souffrances et de sang humain pour qu'on ne l'approche autrement qu'avec la plus grande humilité

Pourtant lorsque les médias nous bâillonnent, lorsque les Journalistes nous évitent, lorsque nous sommes exclus des débats qui nous concernent, nous pourrions craindre, au train où vont les choses, que les forces du mal, régressives, haineuses, étriquées, l'aient définitivement emporté, en France comme en Algérie.

A mon humble avis. il n'en est rien, une telle situation ne peut être que provisoire car les victoires de l'ombre sur la lumière sont toujours éphémères.

A nous de faire subsister, envers et contre tout, et, s'il le faut, contre tous, un reflet de cette vérité enfouie, bâillonnée, enchaînée, et de le conserver, précieusement, comme me rampe d'envol car nous savons que ce reflet sera un jour assez fort pour arracher la vérité à la gangue du mensonge parce qu'il est constitué de cette essence mystérieuse qui est la mémoire des peuples.

C'est pourquoi mon plaidoyer sera pro-domo II abordera principalement la période précise au cours de laquelle nos ascendants, avec un courage et une ténacité comme on n'en rencontrera jamais plus, ont fait d'un cloaque une terre de félicité.

Une ferme dans la Mitidja.

Un siècle de travail acharné eut raison des marécages et fit pousser la vigne,
l’oranger, entre des haies de cyprès qui protégeaient les cultures des vents violents
qui soufflaient de l’Atlas blideen

Simultanément, en évoquant l'Histoire réelle de note terre, nous pourrons employer cette tactique ressemblant à l’action de la mer qui pèse contre les digues inlassablement décèle la moindre fissure, s'y glisse par infiltrations imperceptibles agrandit insensiblement la faille pour un jour s’y engouffrer et faire écrouler le mur de la mystification

Vous me permettrez, je l'espère, de le faire à ma façon et dans mon style non pas avec sentimentalisme mais avec tous les sentiments solennels que peut ressentir une authentique Pied Noir de la quatrième génération.

Si ma mémoire est bonne, je crois me souvenir d'avoir lu sous la plume de Monsieur Santini la phrase suivante :

« L'Histoire est un mensonge qui réussit ».

Pas toujours, pas vraiment... L'Histoire, à un moment donné, se fige pour l'éternité mais tant qu'il subsiste des témoins, ceux-ci ont le devoir et la possibilité de dénoncer les mensonges et de le faire avec une persévérance capable de résister à toute épreuve. Il faut, comme disait Jean Brune :

« Coller sa joue à la pierre même si elle est rugueuse, y appuyer l'épaule, même si cela la blesse et pousser, pousser de toutes ses forces, même si l'on doit y laisser sa vie ».

Mon Président et mes chers collaborateurs ne me contrediront pas si j'affirme que c'est là l'engagement que nous avons tous pris à la création de VERITAS, ce Comité pour le rétablissement de la vérité historique, si précieux à nos cœurs, auquel nous consacrons toute notre énergie depuis des années.

Qu'il me soit permis de vous dire, au passage, que nous puisons celle-ci à la source de l'héroïsme de nos deux parrains auxquels je voudrais rendre le vibrant hommage qu'ils méritent :

Le Colonel Antoine Argoud que je regrette de ne pas voir, aujourd'hui, parmi nous et absent pour cause de maladie et d'épreuves mais présent de cœur, je le sais, et le Commandant Michel Sapin-Lignières, hélas disparu cette année et qui. avant de mourir, m'a écrit cette phrase émouvante :

« A chacune des paroles que vous prononcez je serai près de vous et j’approuverai ».

Parler aujourd'hui de notre terre perdue est aussi épineux que pathétique d'autant plus que je ne crois pas que les premiers chapitres de notre Histoire commune aient été relatés de façon fabuleuse, au départ du moins car lorsqu'on lit d'anciens livres d'Histoire, même des ouvrages scolaires, datant d'avant la seconde guerre mondiale et qu'on les compare à ceux d'aujourd'hui, on se demande s'ils parlent bien du même pays, de la même armée, de la même patrie.

D'autant plus que ces ouvrages, un rien romancés, attribuaient tous, ce qui est parfaitement inexact, la conquête de l'Algérie à un fameux coup d'éventail Insupportable à l'amour-propre de notre Ambassadeur comme à celui de la France. On se demande aujourd'hui où a disparu cette France à l'honneur chatouilleux quand on sait qu'en 1962, le premier Ambassadeur de France à Alger, dans l'Algérie indépendante, aurait été sodomisé publiquement sur la Place du Gouvernement devenue Place de la Libération sans entraîner la moindre protestation du Gouvernement Français

Pourtant, certaines vérités seraient, dit-on, en train de montrer le bout de leur nez . On pourrait peut être s'en réjouir si - sans doute pour réaliser un juste équilibre entre le fleuve de sang en crue depuis le cessez-le-feu unilatéral du 19 mars 1962 et la dictature machiavélique du Chef de l'Etal français - les forces disparates du panarabisme et des Idéologies marxistes-léninistes ne s'étaient pas alliées contre la colonisation...

Le journal • l'Humanité : dans son numéro du mercredi 6 mars, publie un entretien avec l'actrice française Juliette Binoche qui livre ses impressions sur le livre de Rotman et les films qui en ont été tirés.

Les Journalistes de « l’Huma » sont des experts. Duplicité, mensonges, bourrage de crânes, en la matière. Ils sont orfèvres… Aussi, ne faisons pas de commentaires sur l'habile amalgame de la guerre d'Algérie et de l'Apartheid en Afrique du Sud et contentons-nous de quelques réflexions sur les déclarations de la vedette :

« Mes parents étaient communistes et, en 1961, ils avaient résisté et participé à l’indépendance ».

Ainsi nous découvrons une nouvelle forme de résistance, celle des porteurs de valises ! ...Mais si l'on examine les faits, au fond, puisque le Parlement français a reconnu qu'en Algérie, « c'était la guerre - en toute logique, ceux qui collaboraient avec l'ennemi en temps de guerre ne méritaient-ils pas plutôt la condamnation à mort que le titre de « résistant » ?

Pendant la guerre d'Algérie, les résistants, les vrais, les seuls ayant choisi le parti de la France, se sont engagés dans les voies de l'honneur en sacrifiant tout, leurs familles, leurs biens, leurs carrières, leur liberté, leur vie... Et j'en connais beaucoup, qui se disaient communistes ou du moins, de « gauche » -, des petits, des obscurs, des ouvriers qui avaient toujours voté rouge et qui. devant l'horreur, la trahison, la déchéance, se sont engagés dans ces voies-là.

Cependant, puisque Melle Binoche déclare qu'elle a envie de connaître ce qui s'est passé en Algérie faisant ainsi l'aveu de sa méconnaissance des faits, elle pourrait se dispenser d'affirmer que la France est allée en Algérie « par intérêt économique»...

J'ai participé, il y a quelques années, à une émission radiodiffusée avec intervention d'auditeurs en direct. Une auditrice m'a demandé si je reconnaissais que les Français crevaient de faim en métropole et que, pour se nourrir, ils ont envahi les champs de blé de l'Algérie.

J'ai dû remonter le temps, expliquer, une fois de plus, pourquoi, supportée par le concert des nations européennes, la France a débarqué dans un repaire de pirates et d'esclavagistes ayant pour nom ALGER, j'ai dû décrire les populations exsangues, les terres couvertes de ronces et de lentisques, les marécages. Ies épidémies, le trachome, le paludisme, la mortalité infantile, j'ai dû revivre en direct, devant une interlocutrice, certainement de bonne fol, mais interloquée, les sacrifices et le dévouement de nos ascendants pour des populations plongées dans un marasme indescriptible depuis des millénaires obscurs, j'ai dû décrire ce pays dont je porte en moi, viscéralement, la véritable Histoire, d'une suite ininterrompue de guerres, d'invasions, de dévastations et de souffrances auxquelles la France a mis un terme.

Je croîs avoir laissé parler mon cœur, ce jour-là, de manière, à la fois, si passionnée, mais aussi totalement irréfutable, qu'il est rare que l'on m'invite dans un débat médiatique, comme d'ailleurs tous ceux qui sont capables d'apporter, incontestablement, la contradiction à nos détracteurs.

L'Algérie, la France n'a pas à lui demander pardon. Ce serait plutôt à l'Algérie de remercier la France d'avoir fait de ce cloaque le magnifique pays que nous avons laissé…si un Chef d'Etat français n'avait pas décidé, soudain, de jeter ce territoire français, comme un butin, à une bande de terroristes - des vrais, ceux -là - tellement sanglants qu'ils n'ont apporté que mort, ruine, misère et destruction barbare et que. depuis notre départ, le sang, le fleuve de sang n'a pu être endigué !

Pour un tel forfait, il n'y a pas de pardon possible. Mlle Binoche l'idole des Français, un certain Charles De Gaulle, est responsable de cette horreur tout autant que les assassins qui ont manié, et manient encore, la hache et le couteau en Algérie.. Cela nous le savons, nous le crions, mais on bâillonne notre voix et nos cris... Caché, voilà ce qui doit demeurer caché et qu'on dissimule encore.

Avec la France et durant les cent trente deux années de présence française dans ce pays, l'Algérie a atteint l'âge d'or, pour replonger tout à coup dans les méandres nauséabonds de la corruption, de l'Injustice sociale, de la misère et des épidémies qui ressurgissent actuellement dans ce pays en régression.

Dans votre prochain film, si vous incarnez une Algérienne, votre producteur vous a-t-il avertie qu'il risquait de vous montrer comme ces centaines de malheureux sans toit, qui errent dans la ville d'Alger et trouvent, le soir, comme seul refuge contre le vent et la pluie, les arcades du boulevard Front de Mer où ils s'entassent les uns sur les autres... C'est très beau comme spectacle, toute la misère de l'Algérie indépendante...

Et si le cinéaste remonte aux origines du désastre et qu'il veut vraiment faire découvrir aux spectateurs ce qui est « caché », il présentera les événements qui ont abouti à cette catastrophe. Il démontera ce schisme mental qui a pour nom le gaullisme. Il révélera comment, en donnant au mensonge l'aspect de la moralité et à la vérité l'apparence d'une malédiction, il a ravagé toutes nos institutions les plus nobles, ébranlé l'Armée et la Justice, divisé les hommes, apposé les races...

Mais le verrons-nous un jour dans un film ? Un cinéaste dénonçant la propagande infâme qui a précédé le référendum du 8 janvier 1961 ? Faisant ressurgir les slogans : « voter oui, c'est se prononcer pour la paix, voter non, c'est se prononcer pour la guerre ».

Un metteur en scène scrupuleux et intègre qui donnerait les résultats exacts de ce préliminaire à la félonie d'Evian qui n'avait d'autre but que de mettre en œuvre, sous couvert de démocratie, l'abandon de l'Algérie ?

Nous serions bien étonnés qu'on mentionne les résultats obtenus en Algérie lors de ce référendum. Malgré l'intense propagande pour le « oui », et la prétendue volonté du peuple algérien de s'affranchir de la tutelle d'un colonisateur détesté, les résultats furent bien faibles puisque seulement 39.14% des électeurs approuvèrent la question tandis que tous les autres se déclarèrent pour le « non ».

Et nous ne parlons pas des viols répétés de la Constitution française puisque lors de ce référendum, les articles 2 et 72 volèrent en éclats

Ensuite, un an plus tard, alors que les couteaux n'étaient pas au vestiaire mais en service, ce furent les fameux « accords » d'Evian qui, en réalité, et conformément aux lois françaises, ne pouvaient être qu'une déclaration unilatérale d'intention française.

Et, la chose la plus Infamante, celle qui signe le crime que le Gouvernement français a fait avaliser par la France entière, et la France métropolitaine seule, en abusant le peuple français, c'est que le droit à l'autodétermination du peuple algérien, ce fameux droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, a été totalement bafoué puisqu'on a imposé, quelle que soit la réponse apportée, la prise de pouvoir en Algérie d'un mouvement totalitaire et terroriste, le F.L.N qui, depuis, dans de redoutables convulsions, a réduit le pays au stade d'un tiers monde où des milliers de malheureux se demandent chaque jour, en s'étonnant de vivre encore, quelles épreuves les attendent encore et peuvent encore aggraver leur détresse !

Mais revenons aux prétendus « intérêts économiques » qui auraient, d'après tant de pseudo historiens formés à l'école du mensonge et de la dissimulation, motivé, en 1830 le débarquement de la France en Algérie : Oui, Charles X, il y a quelque chose de pourri au royaume de France...

Quelque chose de pourri depuis 1945. depuis que les gaullistes écrivent l'Histoire, en trempant leur plume dans l'encre de la mystification et de la tromperie.

Pourtant cette terre de soleil et de sang méritait mieux que la souillure qui nous en a chassés. Cette terre, que nous aimons encore, méritait mieux que cette malédiction qui la poursuit. Souvenons-nous à quel point elle était belle et combien nous l'avons aimée…

EL DJEZAIR ... Les îles... Que de légendes courent encore au sujet de cette contrée merveilleuse qui fascine tous ceux qui l'approchent !

Est-ce la malédiction de Didon poursuivant Enée qui persiste encore en ces lieux ? Quels furent les premiers habitants, les véritables autochtones, de cette partie du continent africain que tant d'envahisseurs ont convoité comme une proie ?

En 146. avant J C., on trouvait déjà sur notre terre ces Numides que les Romains ont nommés « Barbari » c'est à dire étrangers. Plus lard, les Hillalis leur donneront un autre nom : « Kabyles » c'est à dire soumis.

Cette seule différence dans l'appellation d'un même peuple en dit long sur l'état d'esprit et les intentions des envahisseurs successifs de notre chère Algérie qui nous doit beaucoup, même son nom.

Mous allons très vite passer sur les Carthaginois mais nous ne pouvons pas évoquer I'Histoire de notre pays perdu sans avoir une pensée pour la colonisation romaine, celle dont les ruines, près de deux mille ans après sa disparition, attestent encore, tout au long du rivage de la côte algérienne, de l'œuvre magnifique qui fut accomplie en ces lieux.

Car Rome a bâti en Algérie. Elle a créé des villes, elle a tracé des voies, édifié des aqueducs, fertilisé des terres arides et le pays, peu à peu, s'est épanoui dans la Pax Romana.

Et, alors que Ie latin devenait la langue officielle de l'Algérie, on a vu y naître penseurs, philosophes et poètes tandis qu'insensiblement, les Berbères et les Numides s'éloignaient des cultes sanguinaires et païens pour se tourner vers une religion nouvelle fondée sur la justice et l'amour, la religion chrétienne.

La foi chrétienne semblait bien enracinée dans cette région. Après les premiers évangélistes et les premiers martyrs, se construisirent églises et évêchés. Au seuil du Vème siècle, l'enfant de Thagaste (de notre temps comme aujourd'hui |e pense. Souk Ahras)devint un des plus grands parmi les fondateurs de l'Eglise, un maître à penser, un Saint renommé que l'Eglise vénère encore de nos jours, Augustin, le Berbère.

On aurait pu croire la chrétienté définitivement implantée en Algérie puisque ce pays comptait plus de quatre cents églises et des milliers de fidèles mais hélas, vinrent les Vandales qui atteignirent l'Algérie par l'Espagne en traversant le Maghreb, ces vandales qui n'ont laissé à l'humanité qu'une seule chose, leur nom devenu commun pour qualifier ceux qui mutilent et détruisent tout ce qui a de la valeur.

Byzantins, Libyens et plus tard Hillalis, devaient se comporter, non plus en colonisateurs mais en envahisseurs, imposant par le glaive et la terreur une langue, l'arabe et une religion, l'Islam et transformant toutes les terres fertiles en terres arides à cause de leurs troupeaux.

C'en était bien fini de la Pax Romana. Combien de siècles allaient s'écouler, en perpétuelles luttes tribales avant qu'un autre pays se conduise en véritable colonisateur et apporte sa paix à ce magma impitoyable. gorgé autant de sang que de soleil, la Paix Française ?

Totalement soumis dès les premières années du 8ème siècle, voilà bien une période de l'Histoire de l'Algérie qui pourrait être qualifiée de « nuit coloniale », une nuit profonde et noire qui, pour les habitants de ce territoire durera des siècles.

II faudra attendre le I6ème siècle et l'arrivée des corsaires turcs, notamment le fameux Khayral Din plus connu sous le nom de Barberousse (je suis persuadée que ce nom rappellera des souvenirs précis et pas toujours agréables à certains d'entre vous) pour voir celui-ci favoriser le rattachement de cette contrée à l'Empire Ottoman.

L'Histoire prétend qu'à partir de cette période, l'Algérie, terre de violences et de massacres, acquiert un semblant d'unité.

En fait, sans entrer dans les détails, le pays devînt le fief de l'esclavage organisé de main de maître et la base arrière de la piraterie qui faisait de la Méditerranée l'objet de tous les dangers.

Aujourd'hui, d'après nos détracteurs, qu'ils aient pour nom Goldzeiguer ou Stora, nous avons été envahir et saisir des terres fertiles et productives dans un pays en pleine expansion dont nous avons sucé la moelle...

Ainsi. Bourmont aurait débarqué à Sidi-Ferruch uniquement pour nous enrichir tout en créant une diversion aux difficultés intérieures françaises et non pour mettre un terme à plusieurs siècles d'esclavage, à l'insécurité et à l'entrave de la navigation européenne.

Personne, vraiment personne ne risquerait à reconnaître, de nos jours, que la France a été acculée, en 1830, à l'Intervention d'Alger pour mettre un terme à ces agissements cruels et Iniques, dignes survivances de la barbarie qui révoltaient le concert des nations.

Et qu'a-t-elle trouvé, la France, en ces régions lointaines et mystérieuses ? Un pays pressuré par les occupants turcs, soumis aux pillages continus des janissaires, plongé dans une stagnation et une misère indescriptible.

J'en viens à ma première révolte envers les faussaires de l'Histoire.

Tous ces livres de classe, tous ces cours dispensés dans le primaire, principalement, où l'on explique à nos enfants et petits enfants que :

« La France n'avait plus de pain, alors elle est allé envahir les champs de blé de l'Algérie... »

Ainsi, nous aurions été assez cupides pour soumettre les habitants de ce pays dans le seul but de leur enlever le pain de la bouche !

Je vous parlerai, tout à l'heure, de l'abandon, mais II me faut d'abord évoquer l'adoption... Que nos détracteurs cessent de brandir, comme une accusation à notre encontre, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Les autochtones que nous avons trouvés en Algérie, à force de se soumettre et de subir, n'étaient plus que des cadavres au fil de l'eau.

Leur terre, depuis des générations, Ils les avaient livrées aux lentisques, aux chênes verts et aux arbousiers sur les coteaux et aux marécages en plaine.

Avant que pousse le blé, dans ce pays exsangue, II a fallu une somme de courage et de ténacité exceptionnelle et de qui est-elle venue ? Des nôtres,

II ne se passait pas de jour sans qu'un homme, un enfant, parfois une famille entière passe de vie à trépas, à cause des fièvres, de la malaria...

Pourtant les survivants repartaient chaque matin au travail avec une ardeur, une ténacité fascinantes. Ils dépierraient, débroussaillaient, asséchaient les marécages, enterraient leurs morts sans se plaindre et se remettaient à l'ouvrage.

On raconte, aujourd'hui, que certains avaient sacrifié jusqu'à leur dernier pécule dans l'aventure et se trouvaient trop démunis pour retourner au pays, que d'autres, révolutionnaires, avaient été expulsés de France, mais tout cela ne suffisait pas à expliquer tant de courage et de persévérance.

Il y avait autre chose, une autre raison qui les faisait agir et lutter pour cette terre ingrate. Ils n'étaient pas captifs. Ils étalent captivés.

Sans qu'ils s'en soient rendu compte, la luminosité du soleil les avait enfermés dans une cage dorée où elle les éblouissait autant qu'elle les brûlait.

Pourtant, ce pays nouveau ne leur a pas été offert comme un paradis sur terre. Ils ne sont pas venus faire moisson chez les autres, la Mitidja n'était pas la Beauce.

L'Algérie, Ils l'ont façonnée, construite, ne comptant ni leur temps ni leur sueur pour transformer des terres abandonnées et stériles, versatiles, rudes, soumises aux caprices du temps, de la neige de décembre au sirocco de juin. Mais les étoiles brillaient, la nuit, comme nulle part ailleurs sur la planète et leur éclat fardait cette terre nouvelle d'étranges lumières, dégageait de captivants parfum et, peu à peu, elle est devenue pour eux si belle qu'ils en ont oublié leur contrée d'origine pour se fondre dans le creuset d'un nouveau peuple qui naissait.

Ceci m'amène à la seconde contrevérité qui semble établie dans tous les manuels scolaires :

« Les colons se sont toujours conduits comme d'infâmes exploiteurs du peuple algérien dont ils ont fait suer le burnous. »

Et je dois ajouter que cette affirmation n'est pas seulement reprise par les manuels scolaires. Savez-vous comment le quotidien « Le Monde » a célébré le 40ème anniversaire des événements de mai 1958 ?

Sous la plume de Bernard Legendre, nous avons pu lire :

« Pieds-Noirs et militaires ne voient pas l'Algérie avec les mêmes lunettes. Les premiers ont, de toujours, fait suer le burnous. Les autres croient à leur mission civilisatrice. »

laquelle mission d'après cet écrivaillon commencerait seulement en 1958 !

Sur ce point précis, même a l'heure actuelle, la désinformation n'a jamais varié. Pour l'Histoire et malgré les sacrifices consentis, au coude à coude, dans toutes les guerres, le peuple de l'Algérie française n'aurait jamais existé. Il s'agirait d'une essence mythique, née de notre Imagination, et les deux entités, musulmane et de civilisation française, ne se seraient pas côtoyées autrement que dans la domination du fort sur le faible

II ne faut pas s'étonner si, grâce à ces deux premiers mensonges historiques martelés depuis cinquante ans, les bulletins et revues réalisés par les élèves, dans de nombreux lycées français, sous la férule de professeurs complaisants et le plus souvent gauchistes, prennent vite la forme d'un réquisitoire dans un procès instruit avec une âpreté et une virulence que pourraient envier l'humanité ou le nouvel obs : le procès de l'Algérie française

On sait que les socialistes font entrer sans vergogne la politique à l'école, mais qui aurait soupçonné que l'embrigadement des jeunes prendrait, à notre égard, comme à celui de l'Armée française ( nous le verrons tout à l'heure) une telle ampleur haineuse et partisane !

Nous en avons, dernièrement constaté les effets pervers et, bien que n'ayant plus d'enfants d'âge scolaire, permettez-moi (sans aucune arrière-pensée politique, je le précise) de m'indigner du manque total de scrupules de ces professeurs qui ont fait descendre dans la rue. lors des dernières élections présidentielles, de Jeunes mineurs auxquels ils ont imposé, sans même l'expliquer, leur propre Idéologie, alors que ces enfants auraient dû être en classe, en train de préparer paisiblement leurs examens, au lieu de battre le pavé !

Avec un tel enseignement, à la fois politique et partisan, comment s'étonner que l'Histoire des colons d'Algérie, les Métropolitains, pour la plupart, l'ignorent.

Ils ne peuvent imaginer ces petites fermes dont, par simple humanité, la fermière s'est transformée en assistante, en conseillère, en infirmière auprès des populations du Bled totalement démunies et vivant encore comme au Moyen Age tandis que le fermier apprenait aux hommes à cultiver la terre, à la soigner, à l'aimer et distribuait céréales et plants.

Pourtant. Messieurs les donneurs de leçons, comment pouvez-vous expliquer que, dans le Bled de ce pays que les Français ont trouvé sans médecins et sans hôpitaux, des fléaux tels que le trachome, la diphtérie, le typhus, le tétanos aient régressé et presque disparu ? ( à signaler que de telles épidémies effectuent, malheureusement, aujourd'hui, un retour en force dans ce pays !)

C'est parce que chaque fermette, chaque école rurale, chaque petite exploitation avait son officine, chaque « Roumia » apportait au voisinage les conseils d'hygiène et de premiers soins vitaux qu'on lui avait enseigné.

Et le petit peuple des Douars et des Mechtas ? Que croyez-vous qu'il fit ? Il savait être reconnaissant et le témoigner. C'est là, principalement, en zones rurales, que se sont nouées les amitiés les plus sincères, c'est là qu'a commencé la fraternité, c'est là que s'est forgé notre vrai patrimoine, celui du cœur !

Le patrimoine du cœur, c'est celui qui nous a été ravi sans que jamais, au grand jamais, il ne puisse y avoir la moindre indemnisation ! A moins que cette indemnisation là s'appelle tout simplement justice (ce qui implique la vérité, l'ouverture de nos archives et des révélations incontestables propres à détruire l'Histoire officielle mais aussi à mettre à bas certaines idoles) cette justice là nous soit, enfin, rendue !

Donc, c'est un mensonge ignoble de confondre les colons français et les esclavagistes I L'esclavage, bien au contraire, c'est la France qui l'a aboli. Qui affirmerait, aujourd'hui, que des musulmans ont suffisamment aimé des petites blancs qu'ils considéraient comme leurs frères de cœur pour sacrifier leur propre vie pour les défendre et les protéger. Personne ou pas grand monde...

Pourtant, la fraternité dont je vous parle existait, en temps de paix, et elle a subsisté dans la terreur, le sang et la trahison.

Anne CAZAL
(
Suite au prochain numéro)



 
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