Transmis au
webmaster du Site
www.algerie-francaise.org
le 04/29/04 par
Nicole.Marquet
Origine :
cerclealgerianiste.lyon@wanadoo.fr
Extraits de la
lettre de De Lattre à De Gaulle expédiée de Montbéliard, le 18
décembre :
"D'un bout à l'autre de la hiérarchie et particulièrement chez les officiers,
même de haut grade, l'impression générale est que la nation les ignore et les
abandonne. Certains vont même jusqu'à s'imaginer que l'armée régulière, venue
d'outre-mer, est sacrifiée de propos délibéré. La cause profonde de ce malaise
réside dans la non-participation apparente du pays à la guerre.
Le
combattant venu d'Italie ou d'Afrique du Nord voit ses camarades tomber autour
de lui sans que jamais un Français de France vienne combler les vides causés
par la bataille.
Certes il n'ignore pas que les unités FFI, maintenant en nombre substantiel,
viennent se battre avec vaillance à côté de son régiment, mais, dans le créneau
de son unité, il ne voit toujours personne venir re-compléter les effectifs
qui fondent. Le malaise est aggravé par la fatigue de quatre mois de
campagne ininterrompue, sans aucune relève, et par des conditions
atmosphériques particulièrement inclémentes... je me permets d'insister d'une
façon particulièrement insistante auprès de vous pour que la 1ere armée
française reçoive au plus tôt les 8 000 ou 10 000 jeunes Français qui lui
sont indispensables pour retrouver son équilibre moral et sa valeur combative
du début de la campagne."
Une
fois de plus, les falsificateurs de l'Histoire...
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Ces derniers mois,
le musée d'art de Toulon, présentait une exposition au titre alléchant :
«
Nos Libérateurs »
Exposition
consacrée aux évènements de 1944 et à la libération de la ville pendant la
seconde guerre mondiale. Enfin, ont pensé les naïfs, on va rendre hommage aux
oubliés de l'Histoire.
Pour ceux là, s'ils ont lu le Figaro du 11 décembre dernier, ils ont été
édifiés : Un certain Georges-Picot, qui, sans rire, se pose en
historien, nous y explique tout de go que, Toulon ayant été prise « sous la
botte » de sa précédente municipalité, il importe de « rappeler ici même
que les pères des immigrés d'aujourd'hui furent un jour accueillis en
libérateurs».
On admirera au
passage qu'une ville ait pu se mettre de son plein gré sous une botte, quelle
qu'elle soit, et on pourra se demander de quels immigrés il s'agit? Le contenu
de l'expo répond à cette dernière question : de nombreuses photographies en
noir et blanc, des panneaux didactiques bien composés, des interviewes filmées,
composent un ensemble animé par tous les moyens de la muséographie moderne, et
s'illustrent de surcroît par des agrandissements des croquis de guerre d'un
artiste de haut niveau?un joli
spectacle !
on y a mis les moyens.
Pour le fond,
voyons un peu : Pas de chronologie, pas de statistiques, pas de travail
proprement historique. Des panneaux de textes nous exposent abondamment la 1°DFL,
des récits nombreux nous parlent de la Résistance, les Américains aéroportés
sont l'objet d'un juste hommage, la vraie Croix est en bonne place ( la croix
de Lorraine, vous l'avez deviné ) ?des interviewes complaisantes font parler
des sénégalais et des provençaux prolixes, ces derniers résistants et décorés à
plaisir. La libération de la ville, c'est clair, fut l'oeuvre à part égale des
résistants et des troupes coloniales.
Mais quid de
l'Armée d'Afrique ? Question saugrenue ! On voit bien qu'elle n'a jamais existé.
Son nom n'est écrit, avec une discrétion de violette, que pour entretenir la
confusion avec les unités coloniales avec lesquelles pourtant elle n'a rien à
voir.
Lorsqu'un Pied-Noir
est interviewé, sa qualité n'est jamais évoquée. Le nom de Français d'Algérie
n'est prononcé qu'une seule fois, et c'est par Alain Mimoun? merci Alain!
Les exploits de la
Résistance, évidemment, ne sont pas ignorés : on nous dit même, pensez donc,
qu'ils ont incendié quatre camions allemands dans un garage ! Et on se
divertira en écoutant l'enregistrement d'un ancien combattant sénégalais qui
nous explique, en riant bien quand même, que les Allemands résistaient aux
légionnaires mais fuyaient devant les unités noires.
Quant à nous
exposer que l'Armée d'Afrique était le noyau de l'opération, qu'elle était
composée à peu près à part égale de français d'AFN et d'indigènes musulmans,
que le taux de mobilisation de ces Français était de 16,5%, le plus fort de
l'histoire de France, celui des musulmans étant de 2,13%, il ne semble pas que
c'était le but de l'exposition : un oubli, sans doute.
Nous préciser que
les commandos qui ont investi la région hyéroise et toulonnaise, avec des
pertes énormes, étaient presque exclusivement pieds noirs était sans doute
indélicat.
De même que le nom de Salan ne figure que dans un petit coin, que le
maître d'oeuvre incontesté de la préparation de cette victoire, le général
Weygand, est totalement ignoré..
Et puisque les
troupes gaullistes sont complaisamment citées, nous permettra-t-on de
rappeler
les chiffres.
Dans la campagne de Tunisie, où les archives militaires les ont décomptés
séparément, l'Armée d'Afrique a eu 2156 tués et 10276 blessés,
les FFL ayant pour leur part 38 tués et 69 blessés : de quoi ramener les
historiens, même toulonnais, à une plus juste appréciation des évènements. Il y
avait d'ailleurs dans la région de Toulon suffisamment d'acteurs de ces
combats, des vrais, pour en témoigner : à condition que le but fut d'établir la
réalité historique, bien sur.
Nous abordons le
cinquantième anniversaire du débarquement de Provence et beaucoup de
manifestations et commémorations sont prévues. Toutes, déjà, se présentent dans
la même confusion volontaire entre notre Armée d'Afrique, celle qui est née en
Algérie, et les Troupes coloniales, glorieuses elles aussi, d'origines
totalement différentes. Confusion dont le but ne peut nous échapper surtout si
on sait qu'il est même prévu, suprême provocation, d'y inviter Bouteflika.
Merci, Messieurs
de la Propagandastaffel du musée de Toulon : vous avez bien mérité de la
République
M. Lagrot
Responsable CVR
Hyères - mars 2004