«J'étais sergent au PC du 10e bataillon de
chasseurs à pied qui se trouvait à Chir-Ecole, au sud d'Arris. Dans
ce PC, il y avait une harka d'environ 25 hommes.
En avril 1962, nous avons reçu l'ordre de quitter la vallée de
l'Oued Abiod. Et, deux jours avant le départ,
l'ordre a été donné de désarmer les harkis.
Pour qu'ils ne se doutent pas de cette manœuvre,
il y a eu une inspection d'armes générale. Celles-ci devaient être
démontées et les pièces nettoyées présentées sur une serviette
blanche. Une trompette a ensuite sonné le rassemblement général dans
la cour. Pendant que tous les hommes de troupe, harkis compris,
étaient au rassemblement, le commandement a exigé des sous-officiers
qu'ils pénètrent dans la chambre des harkis afin d'y récupérer
toutes les culasses. Quand les harkis sont revenus dans leur chambre
et qu'ils ont constaté que les culasses avaient disparu, on leur a
répondu que c'était pour éviter les désertions et la remise d'armes
au FLN.
Le matin du départ, un détachement important de
l'armée révolutionnaire a pris place à environ 500 mètres du
campement.
Après la descente du drapeau français, l'ordre a
été donné à tout le monde de se présenter aux camions; les
soldats métropolitains en premier, car les harkis devaient
d'abord passer devant un officier pour que leur solde leur soit
remise. Ce qui fut fait. Le commandant est ensuite monté dans sa
Jeep, tandis que les camions faisaient tourner leurs moteurs. Puis,
l'ordre a été donné de démarrer.
Surpris par cette agitation, les harkis se sont
alors mis à courir derrière les véhicules. Ils s'agrippaient au
bastingage. La consigne était de les refouler à coups de crosse.