Que sont
devenus nos morts et disparus |
Recueilli page 296 de l'Agonie
d'Oran de Geneviève DE TERNANT
(des éditions J.GANDINI Calvisson)
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Extrait de l’Article de Louis ROY
Paru dans « Spécial dernière » du vendredi 23 au jeudi 29 avril 1982
n.727
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Depuis sa création en 1967, l'A.S.F.E.D. a établi
un dossier de trois mille cinq cent noms de personnes enlevées en
Algérie et qui peuvent être encore vivantes.
Près d'un millier de ces disparus ont
été déclarés morts d'après des actes de décès dressés à la va-vite
en 1 962 par les services de Louis de Broglie, secrétaire d'Etat aux
Affaires algériennes, sans qu'aucun corps ait été retrouvé ou sur la
foi de cadavres mutilés, méconnaissables.
L'A.S.F.E.D. pour sa part a fait casser
plusieurs dizaines de ces actes de décès, dont un grand nombre n'ont
d'ailleurs jamais été retranscrits, explique Marc Leclair. C'est le cas
de l'acte de décès de Chantai Argenti née le 25juin 1945 en Algérie
et enlevée par le F.L.N. en juin 62. L'acte avait été établi avec le cadavre
d'une femme musulmane repêchée au fond d'un puit à Mouzaïaville.
Le docteur Frammet et plusieurs témoins ont prouvé par la suite qu'il
ne pouvait s'agir de la dépouille de Chantai Argenti.
D'autre part un Algérien avait proposé en
1963 de restituer la jeune fille contre une somme de dix millions d'anciens
francs.
Un arrêté de la Cour d'Appel de Paris a donc
cassé le 1 6 décembre 1 971, l'acte de décès.
Nous pourrions faire ainsi casser la plupart
des actes de décès établis en 1 962 sur ordre du gouvernement français,
qui ne voulait pas que l'on fasse de vagues autour de ce problème
important et gênant des milliers de détenus français abandonnés au
F.L.N. par l'indépendance.
Mais s'il n'a pas été demandé de preuves de
décès pour établir ces actes, on nous en demande en revanche d'irréfutables
pour obtenir la révision des actes.
L'A.SF.E.D. a justement été fondée au vu de
l'ensemble de preuves attestant le non-décès d'un grand nombre de
prisonniers français du F.L.N.
Ces preuves ont été apportées par le comité
international de la Croix Rouge.
La Croix Rouge française,
elle, a fermé depuis longtemps le dossier des disparus d'Algérie
à la demande du gouvernement français dont elle dépend.
Nous sommes intervenus violemment auprès du
gouvernement français en 1964 pour qu'il fasse quelque chose pour nos
compatriotes emprisonnés.
C'est leCardinal Feltin qui s’est
chargé de cette démarche : il a été sèchement éconduit par le général
de Gaulle
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