RÉUNION HEBDOMADAIRE 1
MOIS APRÈS
L'INDÉPENDANCE
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« C’est la République des mauvais camarades »
Au Conseil du 8 août, Joxe fait son point hebdomadaire de la
politique intérieure algérienne. Cela ne paraît intéresser que médiocrement
le Général.
Le GPRA, qui était resté « l’autorité légale de la Révolution
» disparaît.
Mostefaï, l’adjoint de Farès dans l’Exécutif
provisoire paie ses négociations avec Susini et l’OAS : il avait «
collaboré avec l’ennemi ».
Ben bella devient l’animateur politique du « bureau politique
», qui remplace le GPRA.
Sont victime de règlements de comptes : Ben Tobbal, le second de Belkacem,
qui a assumé la conduite matérielle de la guerre, Boussouf, bouc émissaire
pour quelques exécutions sanglantes à la fin de la guerre, et quelques
autres.
Les élections se feront au scrutin de liste départemental à un tour :
c’est du cousu main. Tout le monde est candidat, sauf ceux qui sont au
tapis.
CdG – C’est la République des camarades,
mais plutôt des mauvais camarades.
Joxe- Ou celle des faux frères. Ben Bella
se tourne du côté du Caire, dont il a l’appui et l’amitié. Il y a une
intrusion de l’Egypte dans les affaires algériennes, où elle essaie de
causer un trouble constant. »
Puis il passe aux difficultés de la coopération : « Jeanneney est
allé dans les secteurs où il y a le plus de désordres. Sur un total
d’un millier de disparus (d’après l’ambassade), il y aurait eu une
centaine de restitutions depuis le 26 juillet. L’Exécutif provisoire a
les plus grandes peines à encaserner l’armée et à éliminer la justice
parallèle.
« Farès demande notre aide non seulement en fonctionnaires, pour
l’assistance technique et l’enseignement, mais aussi en argent, sous une
forme incroyable, sur une simple note : « Nous avons besoin de quarante-deux
milliards d’avance, en échange de quoi on pourrait trouver sept milliards
de recettes par une fiscalité alourdies sur les vins, les alcools et les
tabacs ». Il confond trésorerie et budget. C’est puéril !
Giscard – La première chose qui s’impose
à l’Etat algérien c’est de mettre en ordre son budget. Nous ne pouvons
pas consentir à pourvoir à sa trésorerie, sans savoir sur quelles bases
nous devons le faire et à qui nous aurons affaire.
CdG – ça demande examen.
Giscard – La situation des finances algériennes
est désespérée. Les dépenses s’effectuent à un rythme très supérieur
aux prévisions, et il n’y a pas de rentrées.
CdG – Ils n’ont pas d’argent, ils
comptent sur notre budget. C’est une coquille vide, puisqu’ils n’ont pas
de recettes. Ils ont beau prélever des fonds sur des recettes qu’ils
n’ont pas, ils ne recevront pas un sou de plus.
Couve – Il sera difficile de ne pas faire
autant pour les trois pays d’Afrique du Nord. Nous avons trois systèmes, il
faudrait les homogénéiser.
Pompidou – les coordonner, oui ; mais les «
homogénéiser », c’est beaucoup dire. Un fonctionnaire français
trouve plus préoccupant de s’engager pour deux ans en Algérie qu’au
Maroc. Certains fonctionnaires retournés en Algérie auraient été enlevés
; ça fait réfléchir les autres.
Il ne faut pas non plus pénaliser celui qui est resté à son poste par
rapport à celui qui est parti et revenu. Si des fonctionnaires français sont
jaloux, ils n’ont qu’à y aller. Même pour des pays aussi calme que le
Maroc, il a fallu beaucoup de primes pour décider les fonctionnaires à s’y
rendre après l’indépendance.
CdG – Les Algériens se conduisent très
mal vis-à-vis d’eux-mêmes. Ils sont incapables de faire un gouvernement,
d’assurer l’ordre, d’appliquer les accords d’Evian. Il y a des sévices
et des exactions à l’encontre des Européens. Si les Algériens
s’imaginent que nous sommes des vaches à lait, ils se trompent. Pour leur
budget, c’est à eux à se débrouiller. Il faut les faire attendre, les
menacer, leur faire comprendre qu’ils vont tomber dans un gouffre.
Pompidou – Mais ne nous dissimulons pas que
la catastrophe finale pèserait sur la France. Nous sommes trop liés
les uns aux autres. Les biens français en Algérie sont actifs pour la
France. Or, s’il y avait cessation de paiement et des transferts, l’actif
cesserait d’avoir une quelconque valeur. Il y aurait effondrement de la coopération,
suivi d’une coupure profonde.
«Nous sommes dans la situation d’un banquier qui soutient une affaire
mal gérée. Il hésite toujours à lui couper les crédits, car il la
condamnerait à la faillite et se condamnerait à perdre ses propres sous son
intérêt est de lui tenir la tête hors de l’eau. Notre intérêt est de
permettre à l’Exécutif provisoire de ne pas cesser ses paiements et à la
banque d’Algérie de ne pas cesser ses transferts. Mais nous devons exercer
les pressions les plus énergiques.
»
« ils sont naïfs, ou d’un cynisme énorme »
Le Général reprend tous les éléments évoqués :
CdG – « il faut laisser la porte ouverte à
l’avenir ; puis on peaufinera. Dans l’immédiat, il faut rassurer. Car
nous engageons l’avenir. Que les fonctionnaires sachent rapidement de quoi
il retourne ! Qu’ils aient des raisons d’aller en Algérie ou d’y rester
! Et qu’ils soient fixés d’ores et déjà sur leur sort ! Il faut faire
la rentrée scolaire. Si la coopération ne doit pas marcher, que cela ne soit
pas par notre faute ! Mais elle finira bien par marcher, et pour cause.
« Le concours financier qu’on nous demande nous donne l’occasion-la
première, mais il en viendra d’autres- de faire pression sur tout ces gens-là
pour qu’ils se résolvent, à la fin des fins, à être autre chose que ce
qu’ils sont en ce moment, c’est-à-dire pour qu’ils s’organisent .
Sinon, ils périront ! C’est une bonne occasion d’en faire la démonstration.
Pas question de leur prêter un concours financier, sans poser des conditions
fermes.
« Pour la trésorerie, nous pouvons annoncer que nous ne ferons rien tant
que nous n’avons personne devant nous. L’Exécutif provisoire est sans
autorité. Le GPRA est évanescent. Messieurs préparez vos élections !
Formez votre gouvernement ! Nous pouvons ainsi beaucoup contribuer à ce que
les élections se fassent vite et bien, à conditions de ne rien leur donner
avant. Nous n’avons devant nous que des fantômes. Nous ne parlerons qu’à
un gouvernement qui sortira d’un suffrage.
« Ils sont naïfs, ou d’un cynisme énorme, s’ils nous prennent pour
autres choses que ce que nous sommes - je veux dire : ce que nous sommes
devenus.
« Ils nous demanderaient en somme de payer l’ALN, qui ne fait que des
sottises ? De pourvoir à leur dépenses d’Etat, quand ils n’ont pas
d’Etat ?
Ça n’a aucune espèce d’intérêt, ni pour nous, ni pour eux ! ça ne
ferait qu’augmenter le désordre ! Nous devons refuser toute aide tant
qu’ils ne sont pas en état de la recevoir. Il faut faire la bête : «
Formez votre gouvernement, nous verrons après ! » Ne nous précipitons pas
pour les arroser !
Plus nous arroserons, plus il y aura d’anarchie !
« Ben Bella et ceux qui l’entourent, il faut qu’ils sentent
passer le vent du boulet. Ils vont à la faillite, à l’effondrement, et
ils sont incapables d’y faire face. Ils se servent sur la bête. Ils
pressurent pour payer leur ALN. Tant qu’ils ne feront pas de bonne politique,
ils ne feront pas de bonnes finances. A vous de le leur faire sentir
(il se tourne vers Joxe).
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COMMENTAIRES :
Leur indépendance mais avec notre argent, nos enseignants, nos
fonctionnaires !
Mais ceux qui venaient de métropole engraissés de primes ! Ceux qui étaient
de la deuxième ou troisième génération nées là bas, c'étaient des
vilains "Colonialistes", les autres de France "de généreux
altruistes" qui participaient à donner "la Lumière"
à un peuple maintenu dans l'ignorance par les vilains Pieds-Noirs,
affameurs de Peuple !
N'avez-vous jamais entendu dans nos campagnes (non mugir ces féroces
soldats!)mais le fameux coup "du verre d'eau" refusé à
l'appelé du contingent qui venait malgré lui sauver ces pieds-noirs !
Pas si regardant ni pointilleux les mecs, lorsque ce fut l'Armée d'Afrique
qui ELLE débarqua pour sauver la Mère Patrie dans l'Unité et
cela malgré la multitude d'origines différentes !
Nos champs de batailles portent toujours les stigmates indélébiles, car
les noms sont toujours sur les tombes, témoins de ce passé et des différents
conflits que beaucoup semblent oublier aujourd'hui ou ne s'en souviennent
qu'en période électorale !
Triste Pays ! Piteux Gouvernants ! Mémoires sélectives avez-vous dit ?
DDD
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